Accompagner le passage dans l’au-delà
La Fraternelle
Pour le judaïsme, le décès est un passage. Au moment de la mort d’un proche, on doit dire une bénédiction :
Barou’h ata Hachem, Elokénou méle’h haolam dayan haèmèt
Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi de l’univers, juge de vérité.
C’est la bénédiction qui célèbre le passage de la vie à la mort. Avec la ‘Hévra Kadicha, sorte d’assemblée d’accompagnateurs, de passeurs, le Consistoire propose l’encadrement religieux adéquat pour accompagner les défunts.
Qu’est-ce que la ‘Hevra Kadicha ?
‘Hevra Kadicha
‘Hevra Kadicha est une expression araméenne qui signifie : la sainte assemblée. Elle désigne l’ensemble des personnes, hommes et femmes, qui officient dans la préparation et l’organisation de l’inhumation. Pour postuler à la ‘Hevra Kadicha, il faut être pratiquant et résolument tourné vers les autres. Cette mitsva est surnommée ‘hessed chel émet : « bonté de vérité », commentée ainsi par RACHI dans son commentaire biblique :
« Comme le moment de sa mort approchait, Israël appela son fils Joseph et lui dit : ‘Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, mets ta main sous ma cuisse, je te prie, et agis envers moi en bonté de vérité : je t’en prie, ne m’ensevelis pas en Egypte !’ » (Genèse XLVII, 29). RACHI conclue en disant que l’accompagnement au dernier moment de la vie d’un homme se nomme bonté de vérité, parce qu’on ne cherche nulle récompense (de leur part).
Quels sont les premiers gestes au moment du décès ?
À l’heure où l’euthanasie fait débat, nous considérons qu’il faut respecter la vie jusqu’au bout : rien, ni personne, ne doit accélérer l’arrivée de la mort. Quand on sent que la personne approche de la fin, on lui fera réciter le Chéma Israël ou le psaume 91.
Voici les premiers gestes :
- Fermer les yeux et la bouche du défunt.
- Cacher le visage.
- Etendre les bras le long du corps, les mains ouvertes.
- Recouvrir le corps d’un drap.
- Allumer une bougie ou une veilleuse au chevet du défunt.
- Couvrir les miroirs.
- Lire les psaumes en hébreu (à défaut en français) à son chevet.
- Appeler le responsable : M. René Pitoun au 06 10 84 44 22
- Appeler les pompes funèbres des hauts clos, partenaire de longue date de la Fraternelle de l’Aube.
En quoi consiste la toilette rituelle ?
Cette toilette (ré’hitsa) prépare le corps pour sa résurrection future. On parle également de purification (tahara). Pour cela, le corps est lavé selon un certain cérémonial durant lequel des versets bibliques sont récités, lors d’ablutions. Puis le corps est revêtu d’un linceul. Les hommes sont en plus recouverts du talit, dont on aura retiré un tsitsit (frange rituelle).
Attention : Cette toilette répond à des règles précises. Elle doit être réalisée par des personnes habilitées et agréées par la Fraternelle.
Quel est le sens du Kadich et des veilleuses ?
Les veilleuses sont des lumières contre l’oubli. Elles sont allumées dans les synagogues pour perpétuer le souvenir de ceux qui nous ont quittés. La Synagogue RACHI de Troyes possède un tableau d’allumage électrique avec des plaques comportant le nom des défunts. Le Kadich est l’une des mitsvot essentielles des endeuillés : pendant les sept jours du décès, ainsi que pendant le mois et l’année de deuil, selon le degré de parenté, l’endeuillé récite le Kadich en présence d’un minian (quorum de dix hommes).
La Fraternelle de l’Aube gère l’ensemble des sépultures du carré juif au cimetière communal de Troyes, ainsi que le nouveau carré juif et celui du cimetière de Rosières. Après de très lourdes recherches effectuées par M. Henri CAHEN, président de l’ACI dans les années 1990, elle a fait apposer à l’intérieur de la Synagogue, comme sur un des murs du cimetière, la plaque portant les noms et prénoms des 134 déportés de l’Aube, en souvenir des atrocités de la Shoah. Le Dimanche séparant Roch Hachana et Kippour, la communauté est invitée à venir s’y recueillir.
Quelles sont les formalités en cas de décès ?
- Déclarer le décès au bureau d’Etat Civil de la Mairie du lieu du décès.
- Se munir du livret de famille ou de toutes pièces comportant des renseignements sur l’état civil du défunt.
- La famille remettra le permis d’inhumer aux pompes funèbres.
Et lorsque le décès a lieu dans un établissement hospitalier ?
- Se présenter à l’hôpital pour la reconnaissance du corps, muni des pièces d’identité du défunt et des vôtres.
Qu’en est-il de l’incinération ?
L’incinération est interdite. Elle ne coïncide pas avec la vision du judaïsme sur la mort et sur ce qui reste du défunt. Car sans ces restes, l’âme du défunt ne pourra ni avoir accès au Monde Futur, ni à la résurrection des morts. En conséquence, la Fraternelle de l’Aube ne procédera pas à la purification rituelle, ni n’enverra de rabbin, dans ce cas de figure.
Bénédictions et prières
Kadich
Aspect historique
Bien qu’il soit difficile de dater la naissance d’une prière, la formulation simple en langue araméenne (kadich signifie « saint »), l’absence d’une demande de reconstruction du Temple ou du retour des exilés suggère que le Kadich fut rédigé en Babylonie, à l’époque du second Temple, alors que la Judée se trouvait sous domination romaine. La similitude avec le « notre Père » chrétien qui exprime cette attente messianique si forte à l’époque, confirme cette datation. Selon le Talmud, le Kadich fut d’abord établi pour clore une étude ou une homélie aggadique, louer l’Éternel et bénir les Maîtres, il arrivait même, que l’on mentionnât nominativement un sage particulier tel le chef religieux de la diaspora (rech galouta).
Dans la liturgie yéménite on a retrouvé le nom de sages vénérables comme Maïmonide. La première mention du Kadich en tant que partie de l’office, se trouve dans le traité Sofrim (Scribes) (IIIe siècle). À l’époque des Guéonim (VIIe siècle), le Kadich était déjà codifié puisqu’il exigeait qu’il soit récité debout, en présence d’un minyan, ou quorum de dix hommes majeurs religieusement.
Le Kadich dans la prière
Depuis cette date, le Kadich marque les différentes étapes de la prière, les mystiques parlant des différents niveaux de dévotions liés aux sphères supérieures. Dès lors, le Kadich devient une sorte de station où tous les fidèles se rassemblent, lorsque attentifs aux mots du ministre officiant, ils répondent à l’unisson “Amen”. Cette idée mérite notre attention, car l’une des particularités de la prière juive est justement de traduire un équilibre entre la ferveur du particulier et la foi de la communauté. Ce Kadich occupe une telle place que le Talmud affirmera que quiconque répond “Amen” de toute la force de sa conviction verra ses fautes effacées, car le fidèle exprime clairement son acceptation de la royauté divine.
Construit à partir de versets tirés des Hagiographes (Psaumes, Job, Daniel), le Kadich possédait à l’origine, diverses formulations, jusqu’à ce que celle du séder rav Amram (ouvrage liturgique composé par ce rabbin babylonien) soit adoptée (IXe siècle). Parmi les différences majeures entre les rites ashkénaze et séfarade, citons l’occultation dans le premier cas de la formule “que ton Messie approche”, qui fut le résultat de la censure chrétienne, qui affirmait bien sûr que le Messie était déjà venu.
Les différents Kadich
A part le Kadich des rabbins (Kadich dérabanan), trois autres furent élaborés par la Synagogue :
- Le demi-Kadich (hatsi Kadich) qui constitue en fait la première partie de tous les Kadich , qui commence par : “ Que son grand Nom soit glorifié et sanctifié”. Cette louange sera entrecoupée par cinq “Amen”, prononcés par le public, le troisième se prolongeant par : “Que son grand Nom soit béni à jamais, d’éternité en éternité”, formule qui est une réminiscence d’une pratique du Temple.
- Le Kadich d’acceptation de la prière (Kadich titkabal), prononcé après la Amida et à la fin de l’office et qui est une demande adressée à Dieu pour exaucer toutes les prières d’Israël. Enfin le Kadich des orphelins (Kadich yatom), traduit à tort par Kadich des morts. En entendant la traduction l’on comprendra pourquoi cette appellation est fausse, puisque les défunts n’y sont jamais évoqués. C’est le lieu de rappeler que la tradition hébraïque ne connaissait aucun culte des morts (pas même dédié à Moïse), et que la prière pour « l’élévation de l’âme » est tardive (après l’exil de Babylonie). En fait, le but de ce Kadich, comme les autres rites de circonstance d’ailleurs, est d’aider les enfants à faire le deuil de l’être aimé et à réintégrer le chemin de la vie en acceptant le décret du ciel, comme dit le Talmud : “l’homme est tenu de bénir Dieu aussi bien pour le bonheur que pour le malheur”. La récitation du Kadich est donc ici l’équivalent au tsidouk hadin ou acceptation de la justice divine. Si malgré tout ce Kadich fut associé aux morts, c’est en raison des terribles massacres des Croisés au XIIIè siècle.
Pour être exhaustif, précisons qu’il existe un autre Kadich des orphelins qui est récité après l’enterrement et qui exprime le vœu de voir la reconstruction du Temple et la résurrection des morts, Kadich récité également durant le jeûne du 9 av, mais du fait de sa rareté et de sa difficile prononciation, seuls les plus orthodoxes le récitent.
Concluons cette courte présentation en évoquant la merveilleuse liturgie qui s’est construite autour de ce texte ; chaque communauté possède son air du Chabbat, des fêtes ou des Jours redoutables. Si la sainteté renvoie à la séparation et par conséquent à la théologie de l’altérité, le Kadich est devenu la mélodie d’une rencontre où le chant de l’homme égrène sur le fil du temps les perles d’un amour intarissable.
Kadich Rite Séfarade
Yitgadal veyitkadach chemé raba,
bealma di vera khirouté, veyamlikh malkhouté veyatsma’h pourkané vikarèv mechi’hé,
be’hayékhon ouvéyomékhon ouve’hayé dekhol bet yisraël, baagala ouvizman kariv veïmrou amen.
Yehé chemé raba mevarakh lealam oulealmé almaya, yitbarakh veyichtaba’h veyitpaar veyitromam veyitnassé veyithadar veyitalé veyithalal chemé dekoudcha,
berikh hou leéla min kol birkhata vechirata, tichbérata vené’hémata, daamiran bealma. veïmrou amen.
Al yisraël veal rabanan veal talmidéhon veal kol talmidé talmidéhon deyatvin veaskin beoraïta kadichta di veatra haden vedi vekhol atar veatar yehé lana
oulehon oulekhon chelama ‘hina ve’hisda ve’hayé arikhé oumézoné revi’hé vera’hamé min kodam élaha maré chemaya veara, veïmrou amen.
Yehé chelama raba min chemaya ‘hayim vessava vichoua vené’hama vechézava ourfoua oug’oula ousseli’ha vekhapara veréva’h vahatsala,
lanou oulekhol amo yisraël, veïmrou amen.
Ossé chalom bimromav hou bera’hamav yaassé chalom alénou veal kol amo yisraël veïmrou amen.
Kadich – Rite Achkénaze
isgadal veyiskadach chemé rabo,
beolmo di vero khiroussé, veyamlikh malkhoussé
be’hayékhon ouveyomékhon ouve’hayé dekhol bess yisroël, baagolo ouvizman koriv, veïmrou omen.
Yehé chemé rabo mevorakh leolom ouleolmé olmayo, yisborakh veyichtaba’h veyispoar veyisromam veyisnassé veyishadar veyissalé veyishalal chemé dekoudcho, berikh hou leélo min kol birkhosso vechirosso, touchbe’hosso vené’hémosso, daamiron beolmo, veïmrou omen.
Al yisroël veal rabonon veal talmidéhon, veal kol talmidé salmidéhon veal kol mon deoskin beoraysso di veasro hodèn vedi vekhol assar vaassar, yehé lehon oulekhôn chelomo rabo, ‘hino ve’hisdo vera’hamin ve’hayin arikhin oumezono revi’ho oufourkono min kodom avouhon di vichemayo (vearo), veïmrou omen. Yehé chelomo rabo min chemayo ve’hayim olénou veal kol yisroël, veïmrou omen. Ossé cholom bimromov hou yaassé cholom olénou veal kol yisroël veïmrou omen.
Règles du deuil
Le deuil
La mort d’un parent entraîne des règles de deuil, que nous allons présenter succinctement. Le rabbin chargé de la famille donnera tous les détails, en tenant compte éventuellement des coutumes ancestrales de chaque famille. Nous pensons particulièrement aux coreligionnaires éloignés de toute communauté et qui utiliserait notre site pour obtenir quelques informations.
La période du deuil
La période du deuil du point de vue de la halakha (loi juive) s’étend sur douze mois. Elle se divise en trois périodes :
- de 7 jours (chiv’a)
- de 30 jours (sheloshim)
- de l’année
S’ajoute par la suite la date commémorative du décès pour les années suivantes (hazkara ou jahrzeit).
Période des 7 jours
Elle commence le jour de l’enterrement (avant le coucher du soleil) et s’achève le septième jour, à condition qu’un jour de fête (yom tov) ne vienne pas couper cette période (dans ce cas consulter notre rabbin ou le responsable de la Fraternelle).
Deux règles à retenir :
- Dans le calendrier hébraïque le jour commence toujours la vieille (Chabbat, samedi débute toujours vendredi soir.)
- Une partie d’un jour est considérée comme un jour entier.
Conduite à tenir pendant les 7 jours.
Il existe neuf interdits pour la période des sept jours :
- Travailler
- Se laver et se frictionner
- Porter des chaussures de cuir
- Avoir des relations conjugales
- Etudier la Torah
- Saluer ou répondre à un salut
- S’asseoir sur un siège haut
- Laver et repasser des vêtements
- Sortir de la maison (sauf pour aller réciter le kadich à la synagogue)
Bien entendu, si pour des raisons professionnelles une personne ne peut s’absenter les 7 jours complets, elle fera de son mieux, et la Torah pardonne en cas de force majeure.
Période des 30 jours
La période des 30 jours commence le jour de l’enterrement et s’achève le 30ème jour, à condition qu’un jour de fête (yom tov) ne vienne pas couper cette période (dans ce cas consulter notre rabbin).
Conduite à tenir pour les 30 jours, Il existe cinq interdits pour la période des 30 jours :
- Se couper les cheveux et la barbe
- Participer à des réjouissances
- Se marier
- Porter des vêtements neufs
- Saluer chaleureusement
En ce qui concerne les cheveux et la barbe, on peut les couper après les 30 jours à condition que des amis fassent une remarque désobligeante sur l’aspect négligé de l’endeuillé (Maran Yoré déa 395).
Cependant du fait que nous vivons dans un espace non-juif et que l’aspect extérieur participe des bonnes relations humaines et professionnelles, il sera licite de se couper les cheveux et la barbe au bout de 30 jours (Rama Yoré déa 390, 4).
Période de l’année
Pour le père et la mère, les cinq interdits s’appliqueront durant douze mois
La récitation du Kadich
Alors que pour tous les défunts on récitera le kadich pendant les 30 jours, pour son père ou sa mère on le récitera pendant onze mois et une semaine (il existe des règles coutumières en la matière, consulter un rabbin de votre communauté originelle). Le kadich n’est pas une prière des morts, mais une glorification et une sanctification du nom divin, qui exprime malgré la douleur de la perte, notre confiance en son jugement de vérité et notre attente sincère d’assister à la proclamation de sa royauté ici-bas. Il existe différents types de kadich, l’endeuillé s’efforcera de réciter le kadich des orphelins (kaddish yatom) tous les jours de l’année, à la fin de l’office.
Remarque : on tient compte de douze mois pour ses parents et non d’une année, cette remarque est justifiée par le fait qu’il existe des années de 13 mois.
L’office commémoratif
La hazkara
Il est de coutume de se rendre à la synagogue le Chabbat qui précède la hazkara et d’y réciter le kadich à la mémoire du défunt.
Devoir de mémoire
Shoah
En Avril 1999, à l’occasion de la journée nationale de la Déportation la communauté juive du département a inauguré un nouveau Mémorial juif dans le carré de la Fraternelle du cimetière de Troyes.
En présence de M. Robert Galley, ministre et député de l’Aube, de M. Elie Margen, président de l’Association la Fraternelle, M. Michel Mézrahi, président de l’Association culturelle israélite de Troyes et de l’Aube et du Grand Rabbin de la région Champagne-Ardennes, Abba Samoun, a eu lieu une cérémonie empreinte de solennité.
Le Mémorial comporte désormais 169 noms de victimes de l’atrocité nazie. Comme s’est interrogé le Grand Rabbin Samoun lors de la cérémonie, « Faut-il se taire au lieu de transmettre? ».
Dans cette réflexion sur le devoir de mémoire, une place à part est réservée au travail acharné de M. Henri Cahen, ancien président de la Fraternelle, aujourd’hui disparu, grâce auquel le Mémorial a pu voir le jour. Il a consulté, au fur et à mesure de leur ouverture au public, des centaines d’archives.
Ce travail sans précédent dans notre département a permis à la communauté israélite de pouvoir honorer la mémoire de ceux de ses membres disparus au cours de cette période noire.
Comme l’a affirmé le Grand Rabbin, « Ce Mémorial lui est dédié car il a prodigué pour cela, son temps, ses nombreuses démarches et son argent. Grâce à lui et à Elie Margen sans qui le Mémorial n’aurait pu voir le jour, « Le calvaire et le sort de nos martyrs dans les camps d’extermination mis en place par le régime nazi seront connus par nos enfants et la postérité » a poursuivi le Grand Rabbin.
Après ce discours, M. Elie Margen a tenu à remercier tous les donateurs et tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce projet ». La cérémonie d’inauguration s’est achevée par l’allumage du candélabre avec six bougies symboles des six millions de Juifs exterminés par les nazis.
Chacune d’entre-elles fut allumée par MM. Cahen, Arnold, Dubreuil, Schwarz, Adler et Borck.
D’après un article de l’Est Eclair du 10 mai 1999
Et que l’Eternel console les endeuillés de Sion !
Tableau de la Fraternelle portant les noms des personnes en la mémoire de qui une bougie éternelle est allumée
Pour offrir une bougie perpétuelle à vos chers disparus, contactez-nous.