A l’origine, nul ne conteste l’idée que Rachi ait pu être vigneron. Il semble connaitre et comprendre tellement de choses sur ce métier que ce postulat s’inscrit dans le concept même du célèbre rabbin. Tant et si bien que peu de personnes ne le remettent en cause. Pour preuve, Il est souvent rappelé un de ses responsa selon lequel Rachi écrit qu’il ne peut répondre plus longuement car il doit s’interrompre et s’occuper de ses vignes. 

Pour autant, est-ce une certitude absolue ? Possédait-il des terres à vignes et en tirait-il un revenu ? Rien n’est moins sûr.

Il est vrai que Rachi était aussi enseignant dans son école de la rue St Frobert et intervenait par ailleurs souvent dans la résolution de conflits, en tant que juge. Enfin, sa connaissance du métier de la vigne n’est pas exclusive. Il connaissait de nombreuses autres pratiques professionnelles comme le tissage ou la teinture, les travaux agricoles ou les échanges commerciaux. Certains commentaires font même allusion à des connaissances médicales surprenantes. Et pourtant, même au XIIème siècle, ses journées n’avaient que 24 heures. Voilà pourquoi, un doute sérieux subsiste toujours. 

Malgré ces questionnements, le vin donna l’occasion à Rachi d’exercer son humour. Lors d’une étude du traité Téharot, traité du Talmud de Babylone sur les règles du pur et de l’impur, un de ses disciples voulait pousser son maître au plus loin de son raisonnement. La leçon portait sur la notion de vin « casher », vin propre à la consommation pour les juifs ainsi que sur les nombreuses situations où il peut être consommé et où il ne peut l’être. L’élève tenta une énième question : « Maître, si le pichet de vin casher tombe au sol et que la moitié du vin se répand sur le plancher, ce vin est-il toujours casher ? ». Et Rachi de répondre : « Le vin répandu au sol n’est plus « casher » et il est interdit de le boire. Cependant, celui qui est encore dans le pichet reste « casher » et cette moitié-là peut être consommée !». 

Étonnant, non ?